04/12/2011

Vers de nouveaux CUCS?.....


A l’aube des années 80, la gauche affirmait la nécessité d’agir fortement pour les quartiers urbains les plus défavorisés. Avec le rapport DUBEDOUT s’exprimait la volonté de donner plus, de faire plus pour ceux qui ont le moins : le moins de capital financier, le moins de capital culturel, le moins de chance de réussite scolaire, le moins d’accès à l’emploi, etc. D’ailleurs à la même époque, le gouvernement MAUROY mettait en place les Zones d’Education Prioritaire (ZEP), symbole de cette volonté de cibler un quartier, un territoire où les problèmes sont accrus et où il faut agir davantage. Ces zones sont le symbole de la discrimination positive à la française, qui se porte non sur les hommes mais sur les territoires.
Si les axes d’intervention priorisés se sont révélés positifs et ont permis une réelle avancée sociale,
il apparaît que le recours au « zonage » montre certaines limites et produit un « effet frontière ». En fonction du quartier d’habitation, certains ne peuvent accéder aux dispositifs mis en place spécifiquement. Or, la pauvreté se diffuse dans notre société et n’est plus réservée à certains quartiers, la crise et la politique gouvernementale amplifiant le phénomène. Ainsi, certains territoires, non reconnus prioritaires, cumulent malgré tout nombre de difficultés (en milieu rural, par exemple) mais restent exclus du dispositif.
Il nous paraît donc important de reconsidérer notre approche et de s’affranchir des limites de zones. Même si la dimension « quartiers », qui concentre toujours les populations les plus fragiles, doit être préservée, il conviendrait de l’étendre aux notions de publics prioritaires et de thématiques spécifiques pour recouvrer plutôt une notion de territoire.
Cette approche aurait pour intérêt de « gommer » les effets de frontières, de favoriser les échanges et  la mixité des publics, de mieux répondre aux besoins des territoires, en sortant d’une logique de stigmatisation. Elle permettrait également de contrer les détracteurs de la politique de la ville, qui instrumentalisent parfois des insuffisances, certes réelles, pour démanteler une politique qui aurait le tort de s’intéresser aux plus fragiles d’entre-nous.
Agir pour ceux qui en ont le plus besoin, et ce quel que soit leur lieu de résidence, est bien la mission essentielle du service public. C’est pourquoi la politique de la ville doit permettre la mise en place d’outils spécifiques dans des territoires identifiés mais doit aussi être accessible à tous et garder une souplesse afin de répondre aux besoins locaux.
Aujourd’hui, trente ans après les premiers dispositifs, la politique de la ville doit redevenir volontariste pour constituer une véritable politique sociale de territoire, intégrant le volet urbain et le volet humain. C’est l’un des messages que nous voulons faire passer lors de la journée régionale sur la politique de la ville qui se tiendra le 9 décembre prochain, l’un des axes de travail pour construire la politique de la ville de demain.